Villes
Histoire de Sofia

Par son histoire de 7 000 ans, Sofia est l'une des plus anciennes villes d’ Europe. Ses premiers habitants ont dû être attirés par les sources minérales thermales. On découvre aujourd’hui encore des vestiges de l’âge de pierre et de l’âge de bronze.

Au VIIIe siècle av. J.-C., la tribu thrace des Serdes y fonde la ville de Serdica, alors que les Odrysses, une autre tribu thrace, s’installent dans la région entre le Ve et le Ier siècles av. J.-C. Plus tard, la ville tombe pour une brève période sous la domination de Philippe et d’Alexandre de Macédoine.

En l’an 29 après J.-C., Serdica est conquise par les légions romaines pour devenir, sous l’empereur Trajan (98-117), un municipium (ville principale) de la province de Dacie Inférieure sous le nom d’Ulpia Serdica. À cette époque on y construit des tours, des remparts, des bains publics, un buleuterion (conseil municipal), ainsi que d’autres bâtiments administratifs et cultuels. Au début du 4e siècle, l’empereur Constantin le Grand (306-337) en fait sa résidence. Il dit: „Serdica, c’est ma Rome à moi”. En 343 se déroule le Concile œcuménique de Serdica qui est considéré comme précurseur du schisme de 1054 puisque l'opposition Orient-Occident y prend forme. 318 évêques de tout l’Empire romain prennent part dans le Concile. Une partie des bâtiments dans lesquels s’est tenu le Concile sont conservés à Sofia jusqu’à nos jours. Aux 5e-6e siècles, pendant l’époque de la grande migration des peuples, la ville est envahie par différentes tribus barbares.

Après la fondation de l’état bulgare en 681, ses souverains manifestent un certain intérêt pour Serdica, mais il faut attendre le règne du khan Kroum pour intégrer la ville dans le territoire du pays en 809. D’ailleurs, la ville s’appelle désormais Srédetz, mot slave qui signifie „ville du milieu”. La ville préserve ce nom jusqu’en 1018, lorsque, après la chute de la Bulgarie sous la domination byzantine, elle sera nommée Triaditza, c’est-à-dire „qui se trouve au milieu des montagnes”, et deviendra un centre administratif. Après la libération du pays du joug byzantin en 1185, la ville est de nouveau dans le territoire de la Bulgarie et s’appelle déjà Sofia. L’hypothèse la plus vraisemblable de l’origine du nom de la ville c’est que celle-ci a pris le nom de l’église Sainte-Sophie (Sveta Sofia), la plus vieille église de la ville qui existe aujourd’hui encore. À cette époque, Sofia subit à plusieurs reprises l’assaut des Magyars, des Serbes et des croisés, ce qui ne l’empêche pas de se développer comme un centre artisanal et commercial. De nouveaux bâtiments et de nouvelles églises sont construits à cette époque.
Quand la ville tombe sous la domination ottomane en 1382, elle change d’aspect: les églises chrétiennes sont négligées au profit des mosquées, des bains, des marchés et des bâtiments administratifs nouvellement construits. La situation de la ville en tant que carrefour de la péninsule balkanique étant fort appréciée, elle devient le centre d’un „sandjak”, c’est-à-dire d’ une unité territoriale de l’Empire ottoman. Au XVIIe s., la ville est déjà le plus grand centre commercial de la région. Au XVIIIe siècle, la ville sera traversée par une route reliant l’Europe à l’Asie Mineure. Elle sera souvent attaquée et pillée par les kardzhali (troupes irrégulières turques). À l’époque de l’Éveil national, Vassil Levski (dirigeant de l’organisation secrète de lutte pour la libération de la Bulgarie) crée ici un Comité révolutionnaire et considère Sofia comme un des centres de la future insurrection.

Sofia est libérée de la domination ottomane le 4 janvier 1878. Grâce à sa situation stratégique, le 4 avril 1879, elle sera élue capitale de Bulgarie. En quelques années, sa population va presque décupler. Les ruelles turques sont remplacées par des rues pavées. La ville change - des bâtiments administratifs, des églises, des jardins, une canalisation moderne, un réseau de télégraphe et de téléphone y sont construits. Au début du XXe siècle l’électrification de Sofia commence, alors qu’une grande partie des villes européennes s’éclairent encore au gaz. Sous le règne de Boris III seront construits des édifices impressionnants dans les styles Moderne, Sécession, Bauhaus, Néoclassicisme, Néobaroque. Pendant les années 1930 et 1940, Sofia devient l’arène de grèves ouvrières, de meetings et de manifestations politiques, en même temps qu’elle s’impose en tant que centre culturel, scientifique et artistique. La ville sera partiellement détruite pendant la Seconde guerre mondiale.

Les changements qui interviennent après 1944 modifient également l’aspect de la capitale: un urbanisme intense et un style stalinien s’y installent. Dans les années 1970, quelque 700 édifices anciens au centre de la ville sont déclarés monuments architecturaux, ce qui leur évite d’être détruits à la suite de l’expansion de l’urbanisme socialiste. Il s’agit notamment du Palais royal, du Club militaire, de l’Académie bulgare des sciences, des édifices autour des Halles Centrales, du Pont des lions, des rues Pirotska et Exarque Yossif. Au bout de longues fouilles et recherches, les terrains de l’ancienne Serdica et du Srédetz médiéval deviennent une réserve architecturale et historique. Sofia s’affirme comme le plus grand centre industriel du pays.

Après la chute, en 1989, du régime communiste en Bulgarie, la ville continue à être le plus important centre économique et financier du pays et d’attirer l’élite politique, culturelle et artistique de l’État. Aujourd’hui, la ville change sans cesse tout en conservant son patrimoine culturel et historique. C’une ville européenne moderne avec une culture ancienne.